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Anne GOEPPER

Psychologue clinicienne et Psychothérapeute

Spécialisée en Thérapies Comportementales et Cognitives (TCC)

Souvent, le décès d’un proche est la première véritable expérience de la mort pour un enfant. Il s’agit d’une épreuve difficile pour une personne de tout âge, mais elle est particulièrement dure pour les jeunes. Les adultes pourraient douter de la manière de répondre aux besoins des enfants durant cette période. Ils pourraient se sentir bouleversés par leur propre chagrin et avoir des questions sur la manière d’expliquer un concept si difficile dans un langage que les enfants peuvent comprendre. Cette épreuve est d’autant plus difficile qu’elle survient dans une période de stress familiale intense liée au confinement Covid 19, où rien ne laissait à penser que cela pouvait arriver si rapidement et brutalement, et où les souffrances familiales sont elles aussi confinées.

Les enfants réagissent différemment au décès d’un proche en fonction de leur âge ou de leur stade de développement :

De 0 à 2 ans : le tout-petit ne peut pas comprendre le concept de la mort. L’être cher n’est simplement plus là, comme s’il s’agissait d’un abandon ou d’une séparation avec la personne qui s’occupe d’eux. En conséquence, un enfant pourra réagir de diverses manières : être plus collant avec un parent ou feindre l’indifférence.

De 2 à 6 ans : les enfants d’âge préscolaire commencent à comprendre le concept de mort, ils peuvent percevoir le décès comme quelque chose de réversible où les personnes décédées peuvent revenir à la vie (comme aller dormir puis se réveiller). Ils peuvent imaginer que le décès à avoir avec eux et penser que c’est leur faute et qu’ils sont punis pour s’être en quelque sorte mal comportés.

De 6 à 11 ans : les enfants d’âge scolaire sont en mesure de comprendre que le décès est permanent, mais ils peuvent avoir des difficultés à comprendre pourquoi leur proche devrait mourir.

Dès 12 ans et plus : les adolescents sont pleinement en mesure de comprendre que la mort est irréversible et que tous les êtres qui leurs sont proches, peuvent mourir. Toutefois, les adolescents ont parfois tendance à croire que la mort ne touche que les autres.

Les réactions éventuelles d’un enfant face au deuil :

La tristesse : l’enfant exprime sa tristesse quant à la perte de l’être cher, ce qui constitue la réaction la plus typique face au deuil.

La colère : perdre un être cher n’est pas juste. Cela peut engendrer de la colère et de l’irritabilité dirigées envers eux-mêmes ou les autres.

Une majoration de l’anxiété : perdre un être cher envoie le message que le monde est un endroit dangereux et insécure. Par conséquent, l’enfant peut ressentir de l’anxiété et avoir peur de mourir ou de perdre d’autres êtres chers, il peut devenir « collant » vis à vis des personnes qui s’occupent de lui.

Le choc et/ou le déni : l’enfant est si bouleversé du décès et il tente d’éviter d’y faire face. Cela peut inclure d’éviter de parler de la perte du proche.

La culpabilité : dans certains cas, l’enfant peut s’en vouloir pour la perte de l’être cher. « Peutêtre, si je m’étais mieux comporté… » « Peut-être si je n’avais pas dit à grand-mère que je la détestais cette fois-ci… »

Des difficultés de comportement : l’enfant peut se replier sur lui-même et ne plus participer aux activités familiales, ne plus suivre les instructions des adultes. Il peut également devenir agressif pour exprimer sa colère et sa tristesse en s’opposant et en adoptant une attitude provocatrice et agressive.

L’acceptation : l’enfant accepte la perte de l’être cher, il apprend à vivre avec, il est en mesure d’aller de l’avant avec sa vie et de parler du décès.

Comment aider les enfants lors du décès d’un proche en période de confinement ?

La survenue du décès d’un proche est une épreuve importante pour les enfants. Les parents et la famille ont un rôle majeur dans la stabilité affective des enfants. Face à la perte d’un être cher, il est tout à fait naturel qu’un enfant ait davantage besoin de la personne ou des personnes qui s’en occupent, et en conséquence, votre enfant peut se montrer plus « collant » que d’habitude. Pour aider et accompagner votre enfant, nous vous conseillons d’appliquer les points ci-dessous.

Répondez aux questions de votre enfant, faites-en sorte que vos réponses soient brèves et simples. Cependant, ne vous sentez pas obligé·e de fournir toutes les réponses.

Permettez à l’enfant de faire son deuil. Notez que pour certains enfants, le véritable deuil sera retardé et se réalisera plus tard.

Écoutez ce que l’enfant a à dire et comment il le dit. On peut, si on le souhaite, parler du proche décédé, d’histoires le concernant, de sentiments positifs ou négatifs concernant la personne. L’enfant peut être bloqué dans le processus de deuil et avoir de la colère ou de la culpabilité vis-à-vis de la personne décédée. Vous pouvez l’interroger sur ses ressentis, en disant par exemple « Parfois nous sommes fâchés avec les gens qu’on aime. Serais-tu fâché contre [personne décédée] ? »

Parlez de manière honnête de la mort avec votre enfant afin qu’il puisse commencer à comprendre que la mort est définitive. Évitez les euphémismes, car les jeunes enfants ont tendance à comprendre les choses de manière littérale (éviter les images de repos, de sommeil ou de lui dire que le défunt est parti en vacances, car le défunt ne va pas revenir…).

Adapter votre langage au niveau de compréhension de l’enfant :
« Grand-mère est tombée malade et elle est morte » peut s’avérer problématique, car ensuite l’enfant sera préoccupé par le fait de tomber malade. Poursuivez votre explication plutôt en disant « Grand-mère était si malade que rien ne pouvait l’aider, pas même les médicaments habituels ».
« Grand-mère est allée à l’hôpital, puis elle est morte » peut s’avérer problématique car votre enfant peut avoir peur que les personnes qui se rendent à l’hôpital ne meurent. Expliquez plutôt que « Normalement, les personnes guérissent à l’hôpital, mais grand-mère était tellement malade qu’elle est morte ».

Reconnaissez et acceptez les émotions et sentiments de l’enfant. Dites lui que le choc, l’incrédulité, la culpabilité, la tristesse et la colère sont des ressentis normaux. Ne niez pas ses sentiments ou émotions, ne lui dites pas « Ne sois pas triste », mais plutôt, reconnaissez sa douleur et offrez-lui votre soutien « Oui, c’est triste. C’est difficile. Je t’aime. Viens dans mes bras… ».

Réassurez l’enfant en lui disant qu’il sera toujours pris en charge et aimé par un adulte ; qu’il ne doit pas s’en vouloir pour le décès ; qu’il n’aura pas pu empêcher le décès ; qu’il ne peut pas faire revenir la personne qui est décédée.

L’enfant peut devenir très inquiet concernant sa propre situation vis-à-vis de la maladie. Rassurez-le et si besoin, donnez lui des informations de sources fiables. Faites attention à ce que l’enfant ne devienne « trop » inquiet face à un risque de contamination pour lui ou pour sa famille.

Soyez patient·e et cohérent·e avec les réponses que vous donnez si l’enfant pose sans cesse les mêmes questions.

Rassurez l’enfant sur la situation des autres personnes de son entourage. L’enfant peut craindre de perdre d’autres personnes « âgées ». Les enfants se demandent souvent, en toute logique, s’ils vont perdre d’autres personnes qu’ils aiment. La meilleure solution consiste à dire quelque chose de simple, comme « je m’attends à rester ici pendant longtemps ».

Tentez de poursuivre les activités habituelles dans la mesure du possible, au vu du confinement, de manière à ce que les enfants sentent que la situation est sous contrôle. N’interrompez pas les activités familiales et conservez le rythme du quotidien.

Funérailles

Compte tenu du confinement, les funérailles seront à priori réalisées dans des conditions de sécurités sanitaires très inhabituelles, ne permettant pas à tous les proches d’y assister. Les avis sont partagés sur la question de savoir si les jeunes enfants doivent assister aux funérailles. Les enfants doivent être avec leur famille pendant le processus de deuil, mais les funérailles peuvent être accablantes pour les jeunes enfants. Ne forcez jamais un enfant à aller aux funérailles, à la morgue, ou à toute autre situation en lien avec le décès. Discutez-en avec lui, expliquez-lui le déroulé des obsèques et laissez-le choisir s’il souhaite venir ou non.

Favoriser un temps de recueil en famille, même si cela se fait sous la forme de visio-conférence. Cela peut être un substitut acceptable à la participation aux funérailles proprement dites.

Si votre enfant souhaite assister aux funérailles, alors passez en revue ce qui se passera afin qu’il soit préparé. Faites-en sorte que l’enfant soit en compagnie d’un adulte calme tout au long des funérailles.

Préparez l’enfant aux faits que les larmes ou la tristesse des parents sont fréquentes dans ces situations et que c’est une manière d’exprimer sa tristesse et de rendre hommage au parent ou grand-parent décédé. Certaines personnes vont pleurer, quand d’autres peuvent rire et parler, c’est leur façon de se souvenir du défunt.

Permettez à l’enfant, s’il le souhaite, de placer une photo, une lettre ou un objet à proximité du cercueil. Cela peut parfois être réconfortant.

Poursuivre le processus de deuil

Certains enfants trouvent du réconfort dans les jours qui suivent un décès en regardant des photos du proche décédé ou en touchant des objets qui lui appartenaient. Un jouet spécial ou un souvenir associé au défunt peut également être réconfortant.

Un enfant qui traverse le processus de deuil peut changer de comportement. Il est normal pour un enfant d’être triste, de ressentir de la colère, de l’anxiété ou de la culpabilité ou de montrer des « problèmes » de comportement lorsqu’il fait son deuil. Ces changements disparaîtront probablement rapidement. Si ce n’est pas le cas, l’enfant peut avoir besoin de parler à un psychologue. Vous pouvez prendre contact avec moi-même durant le confinement : je propose (depuis toujours) des consultations en visio-conférence ou par téléphone. Ces consultations sont efficaces et favorisent une certaine spontanéité, ce qui n’est pas toujours le cas dans une consultation dans un bureau qui effraie plus.

L’enfant peut également se plaindre de symptômes physiques (mal de tête ou d’estomac, difficultés à se concentrer durant les activités proposées à la maison, etc.). Ne les minimisez pas et ne les dramatisez pas : tentez plutôt de les nommer et de valider la souffrance de l’enfant. Si ces symptômes se maintiennent dans le temps ou si leur intensité augmente, contactez votre médecin traitant qui pourra vous conseiller sur la marche à suivre.

Parfois les nuits sont plus difficiles avec des cauchemars et des difficultés pour s’endormir. Soyez tolérants, rassurez-le et expliquez-lui que cela ne va pas durer éternellement. Il faudrait que les habitudes d’endormissement reprennent progressivement leurs rythmes habituels. N’hésitez pas à contacter un psychologue si ces difficultés d’endormissement se maintiennent. Pour récompenser votre enfant, vous pouvez par exemple utiliser des cartes chance. Par exemple, il recevra une carte chaque soir, avec laquelle il pourra se relever et demander un bisou. S’il arrive à ne pas l’utiliser, il sera récompensé le lendemain matin.

Nous vous conseillons de lever le pied sur les activités trop contraignantes, tout en gardant un rythme qui sera rassurant. Par exemple, il convient de ne pas interrompre totalement les devoirs, mais plutôt d’introduire plus de pauses agréables.

Évitez que votre enfant se réfugient dans des activités trop solitaires (jeux vidéo en particulier, sauf si c’est pour jouer en famille ; ou encore des temps de lecture trop longs). Favoriser une alternance de moments ensemble en famille (si vous en avez la force) et des moments « calmes » où la solitude peut être acceptable.

Parents, vous n’êtes pas seuls à devoir gérer la tristesse de votre enfant. N’hésitez pas à demander de l’aide à vos proches ou à des professionnels. Même pendant le confinement, il est possible de prendre contact avec un psychologue pour votre enfant.

Il est important de ne pas laisser un tabou s’installer autour du sujet de la personne décédée. N’ayez pas peur de mentionner le nom de la personne et de partager un souvenir occasionnel avec celle-ci. Continuer de parler du défunt renforce l’idée que la mort est un élément naturel de la vie plutôt que quelque chose de surnaturel et d’effrayant.

Au fil du temps, concentrez-vous sur le fait d’offrir à votre enfant un environnement rassurant, au mieux que la situation de confinement vous le permet. Des jeux actifs, des jeux humoristiques et organiser des rendez-vous téléphoniques ou en visio-conférences peuvent vraiment l’aider dans le processus de deuil.

Durant cette période, n’hésitez pas à diminuer l’accès aux médias qui diffusent de l’information en continu. Cette impression de continuité sans fin dans la crise majore le stress. L’enfant se demande si après tel proche, cela sera le tour de ses parents et de lui-même. Il faut le rassurer et éviter de le confronter à ces informations ou aux discussions que vous pourriez avoir sur la crise sanitaire en cours.

La mort et la religion

Une question qui peut être délicate après un décès est celle de la religion, en particulier pour les familles inter-confessionnelles ou les familles composées d’un mélange de croyants et de non-croyants.

Si votre enfant a été élevé dans un foyer religieux, vous placerez probablement le décès dans un contexte religieux. Il est important que le message transmis à l’enfant soit le plus cohérent possible, en accord avec vos croyances et celle votre entourage.

Si votre enfant n’a pas été élevé dans un contexte religieux, il n’est pas nécessaire introduire de nouvelles idées sur Dieu et l’au-delà à un moment aussi traumatisant. Cela peut être plus déroutant que consolant.

Dans les deux cas, si un enfant pose des questions difficiles, il est normal de dire simplement que vous n’avez pas toutes les réponses.

Document réalisé par les pédopsychiatres et psychiatres Professeur Richard DELORME, DocteurAlexandre HUBERT, Docteur Emma BARRON et Docteur Eva STANTIFORD.
Service de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Assistance Publique des Hôpitaux de Paris, Hôpital Robert Debré
Source : https://www.pedopsydebre.org/post/comment-aider-les-enfants-lors-du-décès-d-un-procheen-période-de-covid-19

En cas d'urgences, appelez : le 15 (SAMU) - le 17 (Police secours) - le 18 (Sapeurs-Pompiers)

Pas de conventionnement avec la Sécurité Sociale dans le cadre "Dispositif MonPsy". Pour en savoir plus sur les raisons de ce refus : Manifeste des Psychologues.

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